Histoire de Bourré

Le petit village de Bourré est situé sur les bords du Cher à 4 km à l’est de Montrichard le long de l’ancienne voie romaine reliant Bourges à Tours.

Découvrez le patrimoine de la commune grandeur nature !

Sentier d’interprétation de Bourré – Entre Cher & Coteaux
Vous cheminerez sur une boucle de 3,5 Km, proche de la nature, jalonnée de 40 panneaux informatifs et ludiques, interpellant petits et grands.
Autant de pauses dans le temps s’appuient sur :
– le patrimoine matériel : habitat troglodytique, géologie, carrières, bâti ancien…
– le patrimoine immatériel : usages, savoirs faire d’autrefois, écrivains et peintres locaux, événements qui …

Ses premiers habitants appartenaient à une tribu celte, les Turons. La première appellation écrite de la ville en 922 est Bonum Ritum, un composé gallo-romain signifiant le bon gué. Il n’est pas impensable qu’il y ait eu ici un gué pour traverser le Cher à cet endroit.
Le village a porté les noms de Bonrégium (1025), puis Bonus Rex (au XIIe et XIIIe siècles, puis Bonroy à partir du début du XVIe lorsque le français s’impose dans les actes administratifs, ensuite Bourrai et enfin Bourré sous la IIIème République.

A partir du XVe siècle, la cour de France qui s’était installée dans le Berry pendant la guerre de cent ans va se déplacer en Val de Loire. Cette époque marque pour Bourré le développement de l’extraction de la pierre pour les besoins du renouveau architectural par le passage d’une architecture militaire à celle civile d’une nouvelle manière de vivre et de résider.

Bourré est célèbre pour son réseau de 580 km de galeries souterraines recensées dans le ventre de son coteau d’où fut extrait le tuffeau, la fameuse « pierre de Bourré » qui a la particularité de blanchir et durcir en vieillissant. Pendant plusieurs siècles toute construction de la région qui sort de terre est faite de cette pierre issue des souterrains creusés à la main par les carriers : châteaux de la Loire petits et grands (Chambord, Chenonceau, Cheverny, …), églises (cathédrale de Tours, …), abbayes, logis, murs d’enceinte, ponts…etc

L’extraction du tuffeau va diminuer progressivement à partir de 1920 et pratiquement cesser vers 1954 en raison de la hausse des prix. Aujourd’hui, au plus profond d’une galerie, une incroyable ville souterraine jaillit de la masse à la cave des Roches.

La température constante de 13°C et l’hygrométrie d’environ 80% des galeries en font un lieu adapté aux fonctions de cave et champignonnière.

Pendant de nombreuses années, Bourré fut un lieu important de la culture du champignon de Paris. Les nombreuses champignonnières implantées dans les anciennes carrières étaient surtout aux mains de petits producteurs. A partir des années 80, les champignonnières ont fermé les unes après les autres. Ces cultures demandent beaucoup de main d’oeuvre. Nos champignonnières n’ont pas pu résister à la concurrence étrangère des Pays-Bas, puis des pays de l’Est et des pays asiatiques, qui produisent le champignon de Paris sous hangar réfrigéré à moindre coût. Ces derniers ont moins de goût et moins de texture, sont moins fermes et gorgés d’eau. Malheureusement, le consommateur a privilégié le prix, au dépend de la qualité.

Seule la cave des Roches, entreprise familiale créée en 1893, a résisté : 40 % de la production mondiale de Pieds Bleus provient d’ailleurs de la Cave des Roches ! Un champignon de prestige, que l’on retrouve dans les assiettes des restaurants gastronomiques. Ici, on cultive aussi les pleurotes et le shiitake, ce fameux champignon au nom japonais très consommé en Asie et connu pour ses bienfaits pour la santé.

D’autres galeries et cavités souterraines de Bourré sont devenues des lieux de conservation et de vieillissement du vin produit par les viticulteurs de notre région. Certaines ont été aménagées pour raconter l’histoire de notre région aux touristes. C’est le cas de « Troglo dégusto » qui propose un voyage dans le temps au cours d’une promenade dans les profondeurs des galeries où les parois rocheuses ont gardé les témoignages des différents occupants (carriers, résistants, cueilleurs de champignons…).

Bourré était également un haut lieu de l’élevage des vers à soie. En 1470, en Touraine, Louis XI institua des privilèges pour une corporation des « soyeux », faisant venir de Lyon des spécialistes afin de satisfaire au plus près les gens de sa cour qui appréciaient fort ces nouvelles et magnifiques étoffes venant d’Italie : damas, brocarts, velours de Gênes, taffetas, moires, satins… La modeste industrie soutenue par l’autorité royale marqua son apogée sous François 1er, 200 à 300 chefs d’ateliers faisaient vivre 3000 personnes, le tiers de la population active tourangelle. Le camp du drap d’or représenta l’épisode le plus glorieux de la soierie tourangelle. Désirant éblouir Henri VIII lors son entrevue en 1520, François 1er confia aux ouvriers en soie, aux brodeurs et aux passementiers tourangeaux le soin de confectionner les tentes. 466 chevaux furent réquisitionnés pour acheminer la royale commande à Ardres. Un patrimoine artisanal très ancré en Val de Loire, puisqu’à quelques encablures de Bourré, la ville de Tours était capitale de la soie en 1546. Puis l’industrie va décliner au fil des ans suite à différentes péripéties pour être tout à fait abandonnée en 1849. Nous avons encore à Bourré une magnanerie, lieu de visite qui raconte l’histoire des habitants d’une maison troglodyte dont l’activité était tournée vers la production traditionnelle de soie et l’élevage des vers à soie.
En vous promenant à Bourré, entre Cher et coteaux, vous découvrirez les nombreuses habitations troglodytes, des petits châteaux privés et aussi des lavoirs remarquables. Le manoir de la seigneurie, demeure des seigneurs de Bourré, à côté de l’église Saint Germain qui datent du XVe et XVIe siècles.
Construit en 1549, le manoir des roches, ancien relais de poste sur la route de Compostelle, reçoit aujourd’hui les touristes dans de très belles chambres.

Le château de Vallagon, construit en 1851 à l’emplacement d’une gentilhommière du XVIe siècle. Durant la première guerre mondiale, un camp de soldats américains convalescents évacués du front fut dressé sur la propriété. Vallagon fut ensuite occupé par les troupes allemandes dès 1940, les officiers cohabitant dans le château avec la famille Meyer, propriétaire des lieux, et les hommes de troupes dans les bâtiments agricoles. La Luftwaffe utilisa les caves à champignons comme dépôt de munitions. Lors de la retraite en aout 1944, les troupes allemandes firent sauter le dépôt de munitions occasionnant des dégâts considérables sur l’ensemble de la propriété y compris les vignes.

Pourquoi une croix des templiers sur le blason de Bourré ?

Aujourd’hui disparu, il y avait encore en 1810 à Bourré, les ruines d’un monastère des templiers à l’entrée de la vallée du Rocher. Cet établissement avait été bâti vers l’année 1025 dans un endroit appelé « le moulin blanc » à cause de l’habit blanc que portait les religieux du temple qui furent les fondateurs de ce moulin, car alors le cours de la rivière était bien plus rapproché de la rive droite qu’elle ne l’est aujourd’hui. La maison religieuse du Rocher à Bourré, outre ses propriétés immenses de toutes natures, possédaient deux succursales, l’une à Montrichard (la maison du Prêche), l’autre à Saint Aignan, près du pont. Il n’existait que 4 commanderies dans le Loir et Cher. « Le monastère de la vallée du Rocher à Bourré fut l’une de celles qui se recommandait à l’attention par l’étendue de ses domaines, l’immensité de ses ressources et la magnificence de ses somptueux bâtiments claustraux. Le Prieur de cette commanderie qui était le chef de cette communauté séculaire menait un train de prince…»

Fier de son histoire, Bourré a choisi en 1991 un blason qui l’honore.

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